Renverser ses yeux
Pour la première fois, le Jeu de Paume et LE BAL présentent une exposition commune, autour de l’utilisation des médias – photographie, film, vidéo – par les artistes italiens des années 1960 et du début des années 1970. Centrée autour du groupe de l’arte povera, l'exposition s’ouvre à divers compagnons de route du mouvement et au-delà, pour étudier la position des avant-gardes italiennes face à la photographie et à l’image en mouvement.
Cette exposition donne à voir l’extraordinaire richesse d’une période où les artistes italiens se sont appropriés le pouvoir narratif de la photographie, de la vidéo et du film. Des tableaux miroirs de Michelangelo Pistoletto aux grandes photographies sur toile de Giulio Paolini ou de Giovanni Anselmo, des œuvres sur photocopie d’Alighiero Boetti aux photomatons de Franco Vaccari ou aux vidéos de performance réalisées par Luciano Giaccari, elle dresse un panorama des expérimentations visuelles des avant-gardes italiennes de la période dans le domaine de l’image.
L’exposition déploie une réflexion articulée en quatre sections thématiques réparties sur les deux lieux : Corps (LE BAL), Expérience, Image, Théâtre (Jeu de Paume).
« Le point de départ de notre survol est l’arte povera dans son acception large d’avant-garde radicale alternative à la proposition pop et à l’iconoclasme conceptuel : des artistes qui ont en commun une attitude dialectique, usant des médias comme instruments d’analyse, comme documents, comme icônes. On a souvent souligné la capacité de l’art italien de s’approprier tous types de matériaux. Il n’est donc pas étonnant, pour des artistes adeptes du court-circuit, que les médias aient été tour à tour filtre, matière ou support.
La photographie se fait tableau, document, reportage, sculpture, livre, album ; les vidéos et les films, allégorie, projection, installation – comme autant d’espaces conquis pour créer un nouveau champ d’interrogations, transformer la vie en métaphore d’une quête. L’art n’est plus affirmation mais prise de conscience : les médias sont des ‹ objets › porteurs de mémoire, leur « corps » visuel et tactile conditionne la perception de la temporalité et des lieux communs de notre société. Les documents perdent leur simple fonction de témoin, ils sont désormais des reliques accomplissant ce passage ‹ du document au monument › invoqué par Foucault à la fin des années 1960.»
Giuliano Sergio, co-commissaire de l'exposition
« Avec la photographie, je change d’identité : de spectateur déguisé en peintre, je me retrouve auteur déguisé en spectateur. » Giulio Paolini
Infos pratiques
Des visites commentées de l’exposition avec les conférenciers du BAL auront lieu aux dates suivantes :
- Mercredi 16 novembre à 19 h
- Mercredi 7 décembre à 19 h
- Mercredi 25 janvier à 19 h
Des visites croisées seront également organisées entre les deux lieux d'exposition :
- Samedi 19 novembre à 14 h 30 au Jeu de Paume, puis à 16 h 30 au BAL
- Samedi 14 janvier à 15 h au BAL, puis à 17 h au Jeu de Paume
Enfin, des visites spécifiques seront proposées :
- Jeudi 24 novembre à 18 h et 19, en présence de Didier Semin, historien de l’art, autour de la figure et de l’oeuvre de Giuseppe Penone
- Dimanche 11 décembre à 12 h, en présence des co-commissaires Giuliano Sergio et Diane Dufour
- Samedi 21 janvier à 14h, en présence d’Hervé Joubert-Laurencin, historien de l’art, autour de la figure dePier Paolo Pasolini et de ses relationavec les artistes de la scène italienne
Commissaires : Quentin Bajac, directeur du Jeu de Paume ; Diane Dufour, directrice du BAL ; Giuliano Sergio, commissaire indépendant.
Commissaire associée : Lorenza Bravetta, conservateur photographie, cinéma et new media, Triennale Milano.
Exposition conçue et coproduite par le Jeu de Paume et LE BAL avec Triennale Milano.
La programmation du BAL reçoit le soutien de la Ville de Paris et de la Région Île-de-France
Partenaires médias : Connaissance des arts, Le Monde, Radio Nova, Paris Première, Polka, Télérama.