Le cinéma contaminé
QUANDO I VOLTI SI TOCCANO, When Faces Touch
Paolo GIOLI, 2012 / DCP / n&b / silencieux / 6' 44
UNE PROPOSITION DE LIGHT CONE* ET DU BAL
Qu’elle soit picturale ou photographique, l’œuvre de Sigmar Polke se nourrit de toutes sortes d’images, puisées dans les journaux, les magazines, la publicité, revisitant les genres de la représentation (portraits, paysages, natures mortes, etc.), faisant fi de la distinction entre abstraction et figuration. Avec un humour iconoclaste l’artiste allemand met à mal les hiérarchies, les procédés picturaux et photographiques pour laisser advenir les défaillances de l’image et permettre ce que Bernard Marcadé, co-commissaire de l’exposition, appelle une « mutation des formes et du regard ».
Séance 1 | Le motif comme lapsus | Mardi 8 octobre 2019 – 20h
Sigmar Polke photographie tout, sans aucune hiérarchisation et lien apparent entre les images. Les photos de famille, de souvenirs, de voyages, les notes documentaires pour ses peintures à venir, deviennent prétextes pour expérimenter les différentes étapes constitutives de la photographie, de la prise de vue au laboratoire. Ce jeu sur les potentiels du médium propice au déploiement et à l'exploration de formes et de techniques variées constitue l’axe de cette séance.
En écho au motif de la fenêtre de Sigmar Polke (une série présentée lors de la Biennale de Venise en 1986), le film Kaskara de Dore O. réalisé en Allemagne, à la même époque, se joue aussi d’une mise en abyme du cadre. D'autres images se côtoient dans l'œuvre photographique de Polke : des clichés de champignons, de signalétique urbaine ou encore une galerie de portraits déclinant la même image à partir de procédés de développement argentique distincts ; des figures visuelles et des répétitions que l’on trouve alternativement dans les expérimentations filmiques de Charlotte Pryce, de Christian Hossner et de David Rimmer.
Polke explore aussi la matière photographique dans sa profondeur en s'évertuant à sonder la trame de l'image. Cette volonté de donner à voir l'unité visuelle la plus infime d'une image et sa matérialité inspire, sous diverses formes, les cinéastes expérimentaux comme Paolo Gioli qui travaille sur la matière du support filmique, Sandy Ding qui construit son film sur l'idée de l'inversion du positif et du négatif, Sami Van Ingen qui utilise la photocopie couleur comme expérience plastique, ou encore la Cellule d’Intervention Metamkine qui dégrade la pellicule à l'aide de produits chimiques.
Deep Six, Sami van Ingen, 2007, 35mm, 7’
The Radio Wave of Blood Beneath the Dirt Ice and Flowers, Sandy Ding, 2006, 35mm, 8'
Quando i volti si tòccano, Paolo Gioli, 2012, DCP, 3' 43
Discoveries on the Forest Floor, Charlotte Pryce, 2006, 16mm, 4'
Variations on a Cellophane Wrapper, David Rimmer, 1970, 16mm, 8'
Nipkow TV, Christian Hossner, 1998, 16mm, 6' 45
Acidfilmda, Cellule d’Intervention Metamkine, 1992, 16mm, 5' 25
Kaskara, Dore O., 1974, DCP, 20'
Séance 2 | Flux d’images augmenté | Mardi 26 novembre 2019 – 20h
Séance organisée en partenariat avec les Archives du Film Expérimental d'Avignon - AFEA
Artiste du flux et du débordement, Sigmar Polke s’appuie sur l’imagerie de la société de consommation véhiculée par les mass-médias pour mettre en déroute la valeur des images au profit d’une prolifération de sens. Cette désinvolture qui mise sur les renversements, les retournements, les réversibilités est aussi présente chez nombre de cinéastes expérimentaux qui, dans les années 1960 et 1970, s’approprient les images des autres pour les détourner et se jouer de leur signification. Dans A Movie (1958), point d’orgue de cette séance et œuvre-matrice du found footage, Bruce Conner assemble des fragments trouvés : actualités filmées, images érotiques, films de série B, etc. Le film fonctionne selon un principe d’association de plans qui n’ont pas d’unité de nature, ni d’espace, ni de temps mais qui une fois montés ensemble trouvent une cohérence à la fois réflexive et subversive. Tout en dynamitant les tabous du puritanisme et les valeurs des Trente Glorieuses, il inventorie de manière saisissante le potentiel dévastateur de l’humanité.
Newsreel of Dreams, Stan Vanderbeek, 1963-1964, DCP, double écran, 9'
Watching for the Queen, David Rimmer, 1973, 16mm, 11'
Secondo il moi occhio di vetro, Paoli Gioli, 1972, 16mm, 10' 09
Black Trip #1, Aldo Tambellini, 1965, 16mm, 5'
Island Fuse, Arthur & Corinne Cantrill, 1971, 16mm, 11'
A Movie, Bruce Conner, 1958, 16mm, 10'
Infos pratiques
Cinéma des Cinéastes
7, avenue de Clichy – 75017 Paris
Séance : 9,50 euros tarif plein / 7,50 euros tarif réduit
Séance + exposition au BAL Les Infamies photographiques de Sigmar Polke : 11,50 euros billet groupé à acheter préalablement au BAL
*LIGHT CONE est une association à but non lucratif dont l'objectif est la distribution, la connaissance et la sauvegarde du cinéma expérimental dont elle s'attache à assurer la promotion en France et dans le monde.