Nous autres
Donna Gottschalk, Oak, Robin, Binky, Chris et moi, Bébés Gouines, E. 9th Street, New York, 1969, Courtesy de l’artiste et de Marcelle Alix © Donna Gottschalk
LE BAL présente, pour la première fois en France, le travail de Donna Gottschalk, Carla Williams et Hélène Giannecchini, trois femmes, trois générations. Photographie, histoire de l’art, littérature : leurs pratiques diffèrent mais elles partagent une même exigence, celle de rendre visibles des vies tenues à l’écart des récits dominants. Cette exposition est le fruit de leur rencontre.
Donna Gottschalk, née en 1949 à New York dans le quartier populaire d’Alphabet City, est photographe. Depuis la fin des années 1960, elle s’attache à représenter les personnes avec qui elle a vécu, milité et travaillé. La construction de son regard est indissociable de l’émergence des mouvements naissants pour les droits des personnes LGBT+ pour lesquels elle s’engage, à une époque où les rapports homosexuels sont encore illégaux aux États-Unis.
Inspirée à ses débuts par le travail de Diane Arbus, qu’elle découvre au MoMA en 1967 lors de l’exposition « New Documents », Donna choisit de photographier des êtres en marge, mais depuis la position marginale qui est la sienne. Ses sujets, dans l’intimité de leur quotidien, ne seront jamais des objets de curiosité, scrutés d’un point de vue extérieur. À rebours des écritures photographiques qui dominent les cercles militants et la scène avant-gardiste new-yorkaise des années 1970, ses images se diffusent hors des circuits officiels. Chaque regard, chaque posture affirme « nous sommes là, ensemble, visibles, solidaires ». En 2018, son travail fait l’objet d’une première présentation au Leslie-Lohman Museum of Art à New York. Après des années de réserve, Donna sent qu’il est enfin temps de partager ses images.
Hélène Giannecchini, née en 1987 à Paris, est écrivaine et théoricienne de l’art. Attentive aux paroles et aux images manquantes, elle dédie une grande part de ses recherches aux mémoires queer et aux archives minoritaires. Lorsqu’elle rencontre Donna pour la première fois en 2023, une complicité immédiate s’établit. En confiance, Donna lui ouvre ses archives qu’elle explore et recompose. À l’intersection des luttes passées et présentes, le croisement de leurs deux histoires, personnelles et collectives, provoque un déplacement des récits. Son texte, conçu telle une balade, révèle, prolonge et amplifie, au présent, l’oeuvre de Donna.
Carla Williams, née en 1965 à Los Angeles, est une photographe et historienne de l’art américaine dont la série Tender fait écho à l’oeuvre de Donna. Jeune étudiante, elle prend conscience de la quasi-absence dans l’histoire de la photographie d’images réalisées par des femmes noires. Avec l’audace de combler ce manque, elle initie dans l’espace intime de sa chambre un travail d’autoportraits. Si elle reprend certains codes de la photographie moderniste américaine ou de la culture vernaculaire, c’est pour mieux les détourner et en subvertir les hiérarchies. Carla, tout comme Donna, contribue à esquisser une autre histoire de la représentation.
Il aura fallu des décennies pour que ces images nous parviennent enfin. Preuves d’existences, gestes d’amour et de résistance, elles ne demandent pas seulement à être vues, elles nous engagent.
– Julie Héraut
Infos pratiques
LE BAL
6 impasse de la Défense, 75018 Paris
Ouvert le mercredi de 12h à 20h et du jeudi au dimanche de 12h à 19h
Fermé le lundi et le mardi
Commissariat : Hélène Giannecchini et Julie Héraut
L’exposition est co-produite avec The Photographers’ Gallery, Londres et le Centre d’art GwinZegal, Guingamp.
Avec la complicité de Marcelle Alix, Paris et la Galerie Higher Pictures, New York.
L’exposition reçoit le soutien de la Fondation Jan Michalski.
Les évènements autour de l’exposition reçoivent le soutien de LIG (Lesbiennes d’Intérêt Général).
La publication, co-éditée avec Atelier EXB, a reçu le soutien à l’édition du Centre national des arts plastiques
ainsi que le soutien du Lewis Baltz Research Fund.
Partenaires : Les Inrocks, Mouvement, POLKA, Arte, RATP, TRAM.
La programmation du BAL reçoit le soutien de la Ville de Paris, de la Région Île-de-France et du ministère de la Culture.
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