Pièces à conviction
4 Bâtiments face à la mer, 2012
Philippe Rouy
À l'occasion de l'exposition, les trois séances, constituées pour la plupart de films d'artistes ou expérimentaux, proposent d'appréhender la puissance de persuasion des images.
Images enregistrées par des caméras de surveillance ou par des drones, images prises sur le vif ou found footage, ce sont les modalités visuelles du contrôle sur le citoyen qui sont convoquées. Avec la nécessité, pour reprendre l’impératif de Michel Foucault, de déconstruire les structures fondatrices de nos sociétés pour mieux les sonder.
Histoires de l'oeil / Mardi 9 juin 2015 à 20h15
Trois mois après la catastrophe de Fukushima, une caméra de surveillance installée sur le site déverse son flux visuel sur la page officielle de l’exploitant de la centrale. 4 bâtiments face à la mer de Philippe Rouy est un montage de ces images, qui subvertit l'intention officielle de « transparence des opérations de sécurisation ». L’entreprise panoptique est mise à mal comme dans le film I only wish I could weep. Archive de The Atlas Group. Cette fiction, construite par l’artiste libanais Walid Raad, présente les bandes vidéo conservées de l’operator #17, agent de renseignement assigné au contrôle de l’activité de la Corniche, lieu populaire de Beyrouth. Les mécanismes de surveillance sont disséqués également dans Prison Images, composé de citations de films de fiction (Genet, Bresson), de documentaires et d’images de caméras de surveillance grâce auxquels Harun Farocki montre et démonte l’envers d’un lieu par essence clos sur lui-même. Une réflexion dialectique sur les puissances de l’image.
4 bâtiments face à la mer, de Philippe Rouy, 2012, vidéo, sil., 47'
I only wish I could weep, Operator #17, de Walid Raad (The Atlas Group), 2002, vidéo, sil., 5’
Prison Images, de Harun Farocki, 2000, vidéo, son, 60', vostf
Les invisibles / Mardi 16 juin 2015 à 20h15
Près de la gare de Pékin, ils sont des milliers venus de toute la Chine porter plainte contre les injustices et abus des autorités locales. Faute de se faire entendre dans leur province, ces modestes paysans, ouvriers ou petits propriétaires se voient contraints de faire le voyage vers la capitale pour tenter d'obtenir réparation. Amassés dans un bidonville, ils subissent les pressions de la police et de l'administration. Zhao Liang documente ce combat, caméra légère au poing. Tourné sur une dizaine d’années jusqu’aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008, ce film donne à voir ceux que le pouvoir central cherche à rendre invisibles. Ses images sont les images manquantes.
Pétition : la cour des plaignants, de Zhao Liang, 2009, vidéo, son, 123', vostf
La charge de l'image / Mardi 23 juin 2015 à 20h15
De sources documentaires, les situations ici filmées dévoilent des lieux inaccessibles, des scènes mystérieuses. Body Trail se situe entre la scène de crime et la performance filmée. Les corps gisent, troublantes sculptures de chair. Mansfield 1962 a été réalisé à partir d’images found footage prises pendant l’été 1962 par la police dans des toilettes publiques d’une petite ville de l’Ohio. À travers un miroir sans tain, il s’agissait de collecter des images à charge contre des pratiques sexuelles illicites. Le corps est aussi au centre de The Unmanned – 2045 – The Death de Ray Kurzweil. Le théoricien du transhumanisme et sa descendance supposée sont filmés dans une forêt au moyen de drones permettant d'envisager une autre forme de limite biologique. Dans BIT Plane, un avion télécommandé, équipé d’une caméra vidéo, survole illégalement la Silicon Valley, en un pied de nez précurseur et transgressif. Le faucon, dans On Air, se voit confier une mission d’espionnage au Moyen Orient. Un écho réflexif sur les outils modernes et archaïques de contrôle.
Body Trail, de Michael Palm et Willi Dorner, 2008, vidéo, son, 8'
Mansfield 1962, de William Jones, 2006, vidéo, sil., 6'
The Unmanned – 2045 – The Death of Ray Kurzweil, de Raphaël Siboni et Fabien Giraud, 2014, vidéo, son, 26'
BIT Plane, de Bureau of Inverse Technology,1999, vidéo, son, 13'
On Air, de Laurent Grasso, 2009, vidéo, son, 17'30
[ Un des films étant susceptible de heurter la sensibilité d'un jeune public, cette séance est déconseillée aux moins de 16 ans ]
Infos pratiques
Cinéma des Cinéastes
7, avenue de Clichy - 75017 Paris
Une proposition de Benoît Hické, programmateur indépendant.
Remerciements : Charlène Dinhut et Maxime Guitton