LAULIMA, THOUSAND HANDS, ESQUISSES DE RÉCITS ENTRE HAWAÏ ET BERLIN
Laulima, Thousand hands, photogramme, Cérémonie au Humboldt Forum, 2024 © Natacha Nisic
QUELS SONT LES PROCESSUS DE CRÉATION, D’ÉCRITURE, DE RECHERCHE MIS EN ŒUVRE PAR LES ARTISTES ? EST-IL POSSIBLE D’EN CONCEVOIR UNE GÉNÉALOGIE EN CARTOGRAPHIANT LES NOTIONS OPÉRATOIRES, LES PROCESSUS, LES MÉTHODOLOGIES EXPLORÉS ?
LE TEMPS D’UNE SOIRÉE L’ARTISTE NATACHA NISIC PARTAGE LE FRUIT DE SON TRAVAIL EN COURS AU TRAVERS D’UNE SÉLECTION DE DOCUMENTS D’ARCHIVES, DE FILMS, DE DESSINS ET DE PHOTOGRAPHIES.
Devant l’imposante porte d’entrée en verre du Humboldt Forum à Berlin, Natacha Nisic accompagne une délégation provenant d’Hawaï et une chamane allemande, Andrea Kalff, venues demander le retour de la déesse Kihawahine. Mi-femme, mi-serpent, celle-ci logeait dans les mares situées autour de la ville historique de Lahaina qui fut entièrement détruite par un incendie en 2023. Les circonstances de sa venue en Allemagne sont l’objet de récits différents. Un médecin venu soigner la lèpre en 1887 aurait saisi plus de 500 objets de rituels sur l’île. En entrant ainsi dans le musée, nous ouvrons la porte à une multitude de récits suite à cette spoliation. Le projet LAULIMA, Thousand Hands consiste à créer les conditions d’une polyphonie de voix, de chants, d’histoires et de gestes qui rend criant la perte de culture et d’identité de la communauté hawaiienne.
« Ce théâtre de la mémoire, comme je l’envisage, s’étend bien au-delà des frontières du Pacifique. Telle une vague, il est le porte-parole de destinées, de générations, d’un monde où les êtres vivants, humains ou non-humains, se rencontrent, se parlent, et s’écoutent. Car il s’agit de dépasser la catastrophe, le drame, de travailler de l’intérieur, tirer les ficelles de la souffrance, la mettre à nu pour mieux l’apprivoiser. La déesse Kihawahine va-t-elle répondre à cet appel ? » – Natacha Nisic
Artiste et cinéaste, Natacha Nisic explore la relation entre les images, le rituel et la mémoire dans ses implications historiques ou individuelles. Son travail questionne la nature de l'image et des récits à travers différents médias, super 8, 16 mm, vidéo, photographie et dessin. Elle travaille sur la représentation des violences extrêmes, notamment dans l’ouvrage Les fumées - Carnets d’un génocide, Rwanda 1994 - France 2018 (éditions Creaphis, 2023). Ses expositions récentes incluent le Musée d’Art Moderne de Paris, le Centre Pompidou, Bienalsur en Argentine. Elle réalise pour Arte La Lucarne Le Ciel d’Andrea (2013) ainsi que Plutôt Mourir que Mourir (2014) sur la Première Guerre mondiale et l’historien d’art Aby Warburg. En 2021, elle reçoit le prix Hans und Lea Gründig Preis pour la création du collectif Crown Letter dédié à visibilité internationale des femmes artistes. Elle est lauréate de la Villa Kujoyama à Kyoto et de la Villa Médicis à Rome.
Modération :
Pascale CASSAGNAU, critique d’art, responsable des fonds audiovisuels et nouveaux médias au Centre national des arts plastiques. Ses recherches portent sur les nouvelles pratiques cinématographiques dans leur dialogue croisé avec la création contemporaine, et sur le son.
Infos pratiques
Billet couplé (donnant accès au BAL LAB et à l'exposition Yasuhiro Ishimoto – Des lignes et des corps* aux horaires d'ouverture habituels)
Tarif plein : 8 euros
Tarif réduit (sous conditions) : 6 euros
Gratuité (sous conditions)
* Un laissez-passer pour l'exposition Yasuhiro Ishimoto – Des lignes et des corps vous sera remis le soir de la rencontre.
Cycle de rencontres organisé en partenariat avec le Centre national des arts plastiques.