L'image sans l'homme

23 et 24 octobre 2017

Broken Manual, 2006-2010 © Alec Soth  

A PARTIR D'UNE PROBLÉMATIQUE CHAQUE FOIS RENOUVELÉE, CE SÉMINAIRE TRANSDISCIPLINAIRE ENVISAGE LES ENJEUX DE L'IMAGE-DOCUMENT ET APPRÉHENDE CE QUE PEUT RECOUVRIR DANS TOUTE SA DIVERSITÉ ET COMPLEXITÉ LA NOTION DE DOCUMENT ASSOCIÉE À DIFFÉRENTS CHAMPS D'ÉTUDES. DES ÉTUDES DE CAS SONT DISPENSÉES PAR DES INVITÉS DE RENOM ISSUS DE DIFFÉRENTS CHAMPS DE LA CONNAISSANCE ET DE L'HISTOIRE DES FORMES.

« Sans doute assiste-t-on à un décentrement inédit du regard humain. Car le voilà qui glisse, en de nombreuses occurrences, d’une obsession narcissique tenace à des visions beaucoup plus désincarnées, sinon dépeuplées. Ce sont des visions portées sur la nature, le lointain, et même les lieux vides, et qui font écho aux rêves de plus en plus fréquents de retrait hors-du-monde. Ce sont des fascinations iconographiques pour les étendues vierges, pour les règnes annexes (animaux, végétaux, minéraux…), pour les vertiges du cosmos, pour les histoires autres en marge de notre espèce – des récits « alternombrilistes ». Mieux encore : en sus d’images produites par les humains d’où les humains sont refoulés, affleurent aujourd’hui des lots d’images non-humaines, engendrées par autre chose que l’Homme : par des algorithmes, mais aussi – dit-on depuis Ernst Haeckel – par toutes les composantes du monde, comme si celles-ci étaient douées d’une force artistique immanente.

C’est donc à double titre qu’il faut constater le développement d’un nouveau régime de l’image, un régime qu’on pourrait qualifier d’anthropofuge. Et pourtant, ces images qui fuient les traces de la société, de la civilisation pour traquer toutes les modalités de la nature nous parlent bel et bien de nous-mêmes ; elles matérialisent des aspirations et des craintes politiques absolument cruciales. Elles donnent à la fois à voir les limites du culte progressiste, elles font éclore d’autres manières d’être-au-monde, elles sont des vigies écologiques. L’avènement massif de l’image sans l’Homme ne saurait être platement, banalement, le constat figé et réjoui d’un monde débarrassé de l’Humain : c’est plutôt une nouvelle forme qui est en cours d’invention, qui vient raconter le monde et dire les rapports incertains de notre espèce en son sein. »

Thomas Schlesser, modérateur du séminaire, est directeur de la fondation Hartung-Bergman, professeur d'histoire de l'art à l'école polytechnique. Il a publié récemment L’univers sans l'homme, les arts contre l'anthropocentrisme aux éditions Hazan (2016). 

Avec Maxime Bondu, artiste – Elsa Boyer, écrivaine, spécialiste du jeu vidéo – Roberto Casati, philosophe, directeur de recherche au CNRS – Marc Leschelier, architecte – Vincent Lowy, professeur en études cinématographiques, directeur de l'École nationale supérieure Louis-Lumière – Marielle Macé enseigne la littérature française et la pensée littéraire à l’EHESS et à l’École normale supérieure – Pauline Mari, historienne de l'art – Abraham Poincheval, artiste – Sophie Ristelhueber, photographe – Yves Sarfati, professeur de psychiatrie, psychanalyste, Université Paris VII Diderot – Bertrand Tillier, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – Pierre Wat, historien de l’art, professeur à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Infos pratiques

Le séminaire automnal a lieu à L'EHESS
École des Hautes Études en Sciences Sociales
105, Bd Raspail 75006 Paris

Inscriptions terminées
250 places

Les frais de transport, d’hébergement, de restauration ne sont pas pris en charge.

 

En collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale, le ministère de la Culture, le Centre national des arts plastiques, L’École des hautes études en sciences sociales.

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