D'un monde, l'autre

Cycle cinéma autour de Paul Graham
Du 22 septembre au 8 décembre 2012

Rush Hour

Mark Lewis

Une programmation de films documentaires et expérimentaux autour de l'exposition Paul Graham.
Une programmation d'Anne Marquez.

Cette programmation, volontairement éclectique, souhaite ouvrir plusieurs pistes autour de l’œuvre photographique de Paul Graham, à travers des films britanniques contemporains de Beyond Caring, des morceaux choisis du cinéma d’avant-garde ou des formes expérimentales récentes se saisissant de la ville et de toutes ses possibilités plastiques, en écho à The Present.

KEN LOACH, DU CÔTÉ DU DOCUMENTAIRE ENGAGÉ /
Samedi 22 septembre et samedi 3 novembre 2012 à 11h

Avec Which side are you on?, documentaire consacré à la longue et tragique grève des mineurs du nord de l’Angleterre en 1984, Ken Loach interpelle d’emblée le spectateur sur une nécessaire prise de position pour ou contre les grévistes. Son précédent film, Questions of Leadership, ayant été privé de diffusion à la télévision, Ken Loach récupère ses plans de débats entre ouvriers et syndicats et les intègre à des séquences de la vie quotidienne, entretiens, poèmes et chants traditionnels dans lesquels s’exprime autrement la détresse des grévistes face à l’extinction de leur industrie.

Which side are you on?, Ken Loach, 1984, vost, 53’ 

 

ALAN CLARKE, L'ANGLETERRE SANS ILLUSIONS /
Samedi 29 septembre et samedi 10 novembre à 11h

Ce portrait d’un jeune délinquant skinhead est aussi celui d’un pays et de ses structures défaillantes, dans le contexte des années Thatcher. Baladé de services sociaux en maisons de redressement, Trevor, personnage irrécupérable, ne dévie pas de sa ligne, et continue d’avancer avec son unique moteur, la haine. Film radical et sans concessions tant dans sa forme que dans son propos, Made in Britain violente le cinéma britannique et malmène la tradition du film social en se contentant de suivre l’élan destructeur de son personnage, sans consolation ni espoir de salut.

Made in Britain, Alan Clarke, 1982, 73’ 

 

FILMER NEW YORK, LES FORMES D'UNE VILLE (PARTIE 1) /
Samedi 6 octobre et samedi 17 novembre à 11h

Ce programme s’organise autour de quelques-unes des plus belles productions, emblématiques et singulières, que les cinéastes photographes (Depardon, Strand) ou expérimentaux ont livré sur New York. La morphologie urbaine est questionnée aussi bien dans les films « historiques » sur la ville que dans des films à l’esthétique plus radicale, qui démontent et remontent ses stéréotypes dans de nouvelles combinaisons formelles permettant d’explorer la ville dans ses flux contradictoires. La captation de la ville dans l’écoulement de ses temporalités superposées (Gehr, Matta-Clark) se voit rompue par maints cinéastes qui préfèrent au contraire la fragmenter, la décomposer, la moudre dans des plans qui la fracturent jusqu’à l’abstraction (le ballet d’ombres de Scher ou les anamorphoses de Thompson), jusqu’à rendre méconnaissable ce qui se laissait si aisément identifier. Cette économie variable des formes et du mouvement fait surgir à chaque fois une ville nouvelle dont Peter Hutton entreprend le portrait, dans un noir et blanc silencieux et dépeuplé, aux antipodes des rues animées de Ian Hugo ou de Jonas Mekas. Ces films, qui se passent la plupart du temps de narration, à la faveur d’une expérience cinématographique plus libre, proposent une réinterprétation des formes mouvantes de la ville.

Jazz of lights, Ian Hugo, 1954, 16’ 
City slivers, Gordon Matta-Clark, 1976, 15’ 
Still, Ernie Gehr, 1969-71, 55’ 
Williamsburg, Brooklyn, Jonas Mekas, 2003, 16’ 

 

FILMER NEW YORK, LES FORMES D'UNE VILLE /
Samedi 13 octobre et samedi 24 novembre à 11h

Appréhendée depuis tous les points de vue, du sommet de ses tours à ses trottoirs, en passant par le défilement d’images généré par ses moyens de transport (Brakhage, Guttiérez Camps), New York libère toutes sortes d’énergies et de rythmiques (de l’élan vibratoire de Chodorov au déchaînement visuel de Marie Menken).

Paul Strand, Manhatta, Charles Sheeler, 1921, 9’ 
The wonder ring, Stanley Brakhage, 1955, 4’ 
New York, Raymond Depardon, 1986, 10’ 
175, David Gutiérrez Camps, 2009, 5’ 
Go ! go ! go !, Marie Menken, 1963, 12’ 
Grand Central, Jeffrey Scher, 1999, 15’ 
Charlemagne 3 : Pastrami Recordings, Pip Chodorov et Charlemagne Palestine, 2009, 31’ 

 

TEMPORALITÉS URBAINES /
Samedi 20 octobre et samedi 1er octobre à 11H

Ce programme propose plusieurs approches de la ville comme expérience du temps, par le prisme d’une subjectivité qui la charge de sens et de mémoire (Enrique Ramirez, Tsai Ming-liang), ou par des mises en scène qui visent à en révéler les multiples strates spatiales et temporelles (Marina Chernikova). Zone de trouble où la mémoire vagabonde, la ville apparaît selon des géographies variables, des villes filantes superposées d’Urban surfing II aux mutations de Rotterdam, que Valérie Jouve s’efforce de saisir dans l’enchevêtrement des vitesses qui arbitrent le quotidien, jusqu’aux disjonctions qu’opèrent les dispositifs de Mark Lewis dans la complexité de la réalité citadine.

Urban surfing II, Marina Chernikova, 2007, 3’ 
Time is working around Rotterdam, Valérie Jouve, 2006, 25’ 
Cold morning, Mark Lewis, 2009, 7’35 
Mid day Mid summer, Corner of Yonge and Dundas, Mark Lewis 2010, 6’16 
Gladwell's Picture Window, Mark Lewis 2005, 3’
Rush Hour, Morning and Evening, Cheapside, Mark Lewis, 2005, 4’34 
Brises, Enrique Ramirez, 2008, 13’ 
Le pont n’est plus là, Tsai Ming-liang, 2002, 20’ 

 

JOHN SMITH, ANIMER LE QUOTIDIEN /
Samedi 27 octobre et samedi 8 décembre à 11h

Bien qu’il soit l’une des figures les plus stimulantes du cinéma expérimental britannique de ces dernières décennies, John Smith reste encore étonnamment méconnu en France. Lié à l’école structuraliste et au London Film-Makers’ Co-op particulièrement actifs dans les années soixante-dix et quatre-vingt, il se promène à la lisière de la fiction et du documentaire, en questionnant le langage cinématographique par des dispositifs inventifs qui prennent souvent comme point de départ le matériau du quotidien. En jouant sur les codes narratifs pour déjouer nos attentes, il réforme notre manière d’appréhender le réel en redonnant une épaisseur aux choses les plus anodines et aux objets apparemment sans qualités.

Worst case scenario, 2001-03, 18’ 
The black tower, 1985-87, 24’ 
Lost sound, 1998-2001, 28’ 
Blight, 1994-96, 14’ 
The girl chewing-gum, 1976, 12’ 

Infos pratiques

Les séances ont lieu au Cinéma des Cinéastes
7, avenue de Clichy - 75017 Paris

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