Dans l'épaisseur du temps
A&B in Ontario, Joyce Wieland & Hollis Frampton, 1984
Une proposition de Light Cone* et du BAL
Champ contre champ, démultiplication des points de vue, déclinaison et itération d’une action sont autant de protocoles mis en place par les cinéastes de ce cycle pour représenter un même moment, une unité de lieu de maniere démultipliée. Le temps devient matière, sensation, énergie cinétique et met au défi le spectateur dans sa tentative à décrypter le réel.
Seance 1 | Dramaturgies énigmatiques | Mardi 28 mai 2019
Du détournement des codes de la publicité par la répétition à l'infini des gestes dans Dichtung und Wahrheit (Poésie et vérité) de Peter Kubelka à l'approche structurelle du déroulement temporel chez Chris Gallagher, en passant par l'exploration d'un espace donné au sein d'une matrice répétitive chez Arthur et Corinne Cantrill, chaque film livre son lot d'énigmes temporelles pour rendre compte de la discontinuité du réel. Joyce Wieland et Hollis Frampton jouent quant à eux de leur présence réflexive dans une sorte de référence contemporaine à L'homme à la caméra de Dziga Vertov où le champ/contre-champ mis en place par les cinéastes trouble notre notion du temps présent. Chez Richard Tuohy et Dianna Barrie, c'est l'usage de superpositions de scènes de rues qui distord l'espace et le temps pour créer une vertigineuse multiplicité des points de vue. À partir d'un socle de seulement quelques images fixes de Dominique Noguez montant un escalier, le temps se dilate et se répète dans Sensitométrie III de Patrice Kirchhofer, qui comme l’explique Nicole Brenez « explore dans ce film l'ensemble des rythmes possibles, de sorte à valoriser l'irrégularité, la différence, le discontinu. »
Home Movie – A day in the bush, Arthur & Corinne Cantrill, 1969, 16mm, 4'
Dichtung und wahrheit, Peter Kubelka, 2003, 16mm, 13'
A&B in Ontario, Joyce Wieland & Hollis Frampton, 1984, 16mm, 16'
Seeing in the rain, Chris Gallagher, 1981, 16mm, 10'
China not China, Richard Tuohy & Diana Barrie, 2018, 16mm, 13'
Sensitométrie III, Patrice Kirchhofer, 1975, 16mm, 20'
Séance 2 | Sensations cinématiques | Mardi 11 juin 2019
Réalisé en 1969, <—>, autrement appelé Back and Forth, est un film-monument du cinéma structurel canadien. D'une durée de cinquante-deux minutes, il est composé uniquement d'une suite de panoramiques tournés dans une salle de classe dont les fenêtres donnent sur la rue, ce qui génère dans le film un rapport entre l'intérieur et l'extérieur. En poursuivant le travail sur les mouvements, optiques ou mécaniques, de la caméra (étude entamée avec Wavelength, 1967), Michael Snow construit une fascinante exploration de l'espace et du temps, où le rythme du métronome utilisé pour travailler les différentes vitesses des mouvements de caméra est perceptible à chaque instant, menant le spectateur vers un état de transe cinématographique.
D'autres espaces sont explorés dans cette séance, au moyen de stratégies qui relèvent davantage d'un découpage du cadre cinématographique, à la fois dans le double-écran Sans titre 84 de yann beauvais (l'Arc de Triomphe) et dans Tokyo – Ebisu de Tomonari Nishikawa (le quartier d'Ebisu à Tokyo).
Tokyo – Ebisu, Tomonari Nishikawa, 2010,16mm, 5'
Sans titre 84 , yann beauvais, 1984, 16mm, 14'
↔, Michael Snow , 1969, 16mm, 50, 69'
Infos pratiques
Cinéma des Cinéastes
7, avenue de Clichy – 75017 Paris
Séance : 9,50 euros tarif plein / 7,50 euros tarif réduit
Séance + exposition au BAL Barbara Probst - The Moment in Space : 11,50 euros billet groupé à acheter préalablement au BAL
*LIGHT CONE est une association à but non lucratif dont l'objectif est la distribution, la connaissance et la sauvegarde du cinéma expérimental dont elle s'attache à assurer la promotion en France et dans le monde.