Autour de Provoke
Daido Moriyama, photographie extraite du livre Farewell photography (Sahshin yo Sayōnara), 1972
Daido Moriyama / Collection privée
Taki Yosuke © Collection Privée
LE BAL en partenariat avec le Centre d’Études Japonaises de l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), la Maison de la Culture du Japon à Paris et Paris Photo, propose deux journées de rencontres et de réflexion consacrées à la revue Provoke, ses artistes, son contexte d’apparition et ses liens avec les avant-gardes nippones des années 1960.
PARTIE I : AUTOUR DE PROVOKE – Avant-gardes et contre-culture au Japon dans les années 1960
Maison de la Culture du Japon
Samedi 5 novembre 2016 / 12h30 – 18h30
Co-organisé par LE BAL et le Centre d’Études Japonaises de l'INALCO
Programme :
12h30 : Introduction par Michael Lucken, directeur du Centre d’Études Japonaises de l’INALCO (Institut national des langues et civilisations orientales) et Diane Dufour, directrice du BAL et co-commissaire de l’exposition Provoke, entre contestation et performance .
12h40 : Anne Gossot - « L’Art moins l’art », première action, 1962
L’art de l’action se constitue comme genre artistique au début des années 1960 au Japon, et consacre la renaissance des avant-gardes tokyoïtes. L’art moins l’Art. En commémoration de la défaite (Geijutsu mainasu geijutsu. Haisen wo kinen shite), qui rassemble certains des principaux artistes de l’époque, a contribué à poser les contours du genre.
Anne Gossot : professeur de langue et civilisation japonaises, à l'Université Bordeaux-Montaigne. Il a notamment travaillé sur la naissance du design et des arts performatifs au Japon.
13h10 : Bruno Fernandes - Le groupe Zero Jigen (Dimension Zéro) : anarchisme du corps et stratégies de l'obscène, une contre-culture du happening
Zero Jigen, le plus important groupe de happening du courant antiart, opère de manière intensive de 1960 à 1972 à Tokyo et dans tout le Japon, au moyen de rituels provocateurs, les gishiki. Sa guérilla contre-culturelle « arterroriste » consiste en une praxis de l'obscénité dans l'espace public d'un pays en surcroissance qui nie ses réalités sociétales (violente crise politique, pollutions, guerre du Viêt Nam).
Bruno Fernandes : spécialiste de la contre-culture japonaise, directeur de la collection « Derashiné » aux Presses du réel.
13h40 : Hirasawa Gō - Théorie du paysage et cinéma radical
Le réalisateur Adachi Masao, le photographe Nakahira Takuma, et le critique Matsuda Masao, ont défini en 1969 une « théorie du paysage » (fūkeiron), selon laquelle la caméra doit analyser le paysage pour y déceler les structures de pouvoir et contextualiser des actes de violence spontanés.
Hirasawa Gō : spécialiste du cinéma contestataire au Japon dans les années 1960-70, chercheur à l'université Meiji Gakuin de Tokyo.
14h10 : Kei Osawa - Les performances du collectif Hi Red Center. A la recherche d’un lieu.
Proches du mouvement Fluxus et plusieurs fois poursuivis en justice pour leurs actions considérées comme subversives, les membres du collectif Hi Red Center, Akasegawa Genpei, Nakanishi Natsuyuki et Takamatsu Jirō, interrogent la place de l’individu au sein d’une société normée et autoritaire.
Kei Osawa : chercheur associé, Musée de l'université de Tokyo.
14h40 Pause de 30 min
15h10 : Philippe Azoury - “For a Language to Come”, le livre manifeste de Nakahira Takuma, co-fondateur de Provoke
Depuis sa parution en 1970, For a Language to Come, le livre de Nakahira Takuma, est un double défi lancé à la photographie et à l’écriture. Suite d’images non linéaire et sans hiérarchie, évoquant des scènes imaginaires et post-apocalyptiques, For a Language to Come interroge la validité du geste photographique. Comment rendre compte de l’absurdité et du chaos du monde ? Comment décrire et nommer ce que l’œil peine déjà à reconnaître ?
Philippe Azoury : critique
15h40 : Michael Lucken - Taki Kōji : la position critique
Théoricien et photographe au cœur de Provoke, Taki Kōji occupe une place pourtant un peu marginale dans l’histoire de la revue. L’analyse de son parcours, qu’il a choisi de centrer sur l’écriture au détriment de la création plastique, nous permet aujourd’hui de réévaluer la portée critique de ce mouvement, au-delà de la révolution formelle qu’il incarne.
Michael Lucken : historien du Japon moderne, directeur du Centre d’Études Japonaises de l’INALCO
16h10 : Lilian Froger - Séquences et mise en page : la photographie imprimée au Japon dans les années 1960-1970
Avec la diversification des supports de publication dans les années 1960-1970, de nombreuses options s'offrent aux photographes japonais pour présenter leurs travaux. Ouvrages d’auteurs, presse grand public, pamphlets contestataires, essais de photojournalistes... : quelles sont les spécificités de ces supports en terme d’innovation formelle et de circulation des images ? Ces formes éditées ont-elles donné lieu à un langage propre à la photographie japonaise de cette époque ?
Lilian Froger : historien de l’art et critique
16h40 : Julien Bouvard - Manga et « avant-garde »
La bande dessinée japonaise connaît dans les années 1960 une série de bouleversements dont l’apparition d’œuvres destinées à un public adulte, perçues par certains comme « avant-gardistes ». Analyser les relations complexes entre manga et avant-garde permet de comprendre comment les discours critiques vont contribuer à définir la place du manga dans l’histoire culturelle et artistique du Japon.
Julien Bouvard : maître de conférences en langues et civilisations du Japon contemporain, université Jean Moulin Lyon 3, spécialiste de la culture populaire contemporaine.
17h10 : Anne Bayard-Sakai - Une autre guerre, ou une autre histoire : Kaikō Ken et le Vietnam
En 1964, un mois après avoir publié le dernier de ses reportages sur les transformations subies par la ville de Tokyo en vue des Jeux Olympiques, l’écrivain Kaikô Ken est envoyé au Vietnam pour rendre compte de la guerre. La coïncidence de ces deux événements n’est-elle pas symptomatique des interrogations d’un Japon pris entre la mémoire de la guerre et la reconstruction économique ?
Anne Bayard-Sakai : professeur à l’INALCO, spécialiste du roman japonais moderne et contemporain.
17h40 : Emmanuel Lozerand - James (Bond) et Roland (Barthes) vont au Japon
C'est en 1964 que paraît You Only Live Twice de Ian Fleming, adapté au cinéma en 1967. Après trois voyages au Japon entre 1966 et 1968, Roland Barthes publie L'Empire des signes en 1970. Quels rapports existent-ils entre le « Japon » de l'espion britannique et celui de l'intellectuel français, le « Japon » de la culture de masse et celui de l’avant-garde parisienne ?
Emmanuel Lozerand : professeur à l’INALCO, fondateur de la collection « Japon » aux éditions Les Belles Lettres.
18h10 : Conclusion
PARTIE II : AUTOUR DE PROVOKE – La photographie au Japon dans les années 1960
Paris Photo - Grand Palais
Jeudi 10 novembre 2016 / 15h30 – 19h45
Programme :
Introduction par Diane Dufour et Mickael Lucken
15h35 - 16h20 : Provoke, ou la fin du langage photographique ?
Matthew Witkovsky, directeur du département photographie de l’Art Institute of Chicago
Yoko Sawada, directrice des éditions Osiris,
Akio Nagasawa, galeriste
Christoph Schifferli, collectionneur
16h30 - 17h20 : Vers une nouvelle esthétique de la contestation?
Duncan Forbes, co-directeur du Fotomuseum Winterthur
John Gossage, artiste
Marc Feustel, commissaire d'exposition et critique
17h30 - 18h20 : Art, anti-art, non art, performance et actions
Walter Moser, directeur du département photographie de l'Albertina de Vienne
Yuri Mitsuda, commissaire et historienne
Elisa Uematsu, galeriste
Yumiko Chiba, galeriste
18h30 - 19h20 : Art, anti-art, non art, performance et actions
Jean-Kenta Gauthier, galeriste
Antoine d’Agata, artiste
Daisuke Yokota, artiste