Barbara Probst

The moment in space
Du 10 mai au 25 août 2019
  • Exposure #139, Barbara Probst, Munich, Nederlingerstrasse 68, 08.21.18, 5:13 p.m., 2018 © Adagp, Paris, 2019
  • Exposure # 9, Barbara Probst, NYC, Grand Central Station, 12.08.01, 1:21 p.m., 2001 © Adagp, Paris, 2019

  • Exposure #59, Barbara Probst, Munich studio, 08.26.08, 3:17 p.m., 2008 © Adagp, Paris, 2019
  • Exposure #87, Barbara Probst, N.Y.C., 401 Broadway, 03.15.11, 4:22 p.m., 2011 © Adagp, Paris, 2019
  • Exposure #31, Barbara Probst, NYC, 249 W 34th Street, 01.02.05, 4:41 p.m., 2005 © Adagp, Paris, 2019

LE BAL est heureux de présenter, pour la première fois à Paris, le travail de l’artiste allemande Barbara Probst.

Grâce à un système reliant plusieurs appareils photographiques, Barbara Probst déclenche une prise de vue simultanée du même événement, du même geste ou de la même action, à des distances ou selon des angles différents. Cet instant démultiplié en plusieurs vues constitue une exposure, une constellation de perspectives qui induit des lectures plurielles, parfois contradictoires, de l’image.  

Son travail est naturellement marqué par ses premières années d’études à l’Académie des beaux-arts de Munich et ses cours de sculpture : « Tous les jours, on travaillait avec de l’argile à partir d’un modèle nu qui posait pour nous. Le modèle se tenait debout sur une table que l’on faisait pivoter toutes les dix minutes d’environ 30 ou 40 degrés, afin que chaque étudiant soit capable de le voir sous tous les angles possibles. » Devenue photographe, Barbara Probst sculpte le temps. Et impose une grille de lecture spatiale à notre appréhension de l’image.

« J'envisage parfois mes images comme une façade dont la structure qui les supporte se serait évaporée. La réalité s'est évaporée ; seules restent les images, telles une façade se tenant devant du vide. » - Barbara Probst

Par des gestes, des visages, des objets les plus neutres possibles, elle parvient à réduire au maximum le caractère narratif de chaque vue pour tendre vers une lecture plus ouverte, plus ambigüe. Les écrivains et réalisateurs des années 1960 en rupture avec la narration classique, comme Alain Robbe-Grillet ou Jean-Luc Godard, l’ont toujours intriguée : « Leur façon de construire un récit en introduisant des trous ou des non-dits dans l’histoire ou en changeant de manière inattendue de perspective, va à l’encontre de ce qui était anticipé par le lecteur ou le spectateur. Ils traitent l’histoire comme un peintre cubiste traite l’espace.»

Souvent dans ses travaux, la mise en scène s’inscrit dans le flux aléatoire de la vie, brouillant un peu plus les pistes entre ce qui a été imaginé et ce qui est survenu.

« UN APPAREIL PHOTO EST SEMBLABLE À UN TÉMOIN OCULAIRE ET UNE PHOTOGRAPHIE À SON COMPTE RENDU. LES RÉCITS DU MÊME ÉVÉNEMENT PAR DIFFÉRENTS TÉMOINS PEUVENT ÊTRE ÉTONNAMMENT DISCORDANTS. COMMENT DÉFINIR, EN VÉRITÉ, LA « RÉALITÉ D’UN ÉVÉNEMENT » ? PHILOSOPHIQUEMENT, LA RÉPONSE SEMBLE ÊTRE UNE CONSTRUCTION À ÉLABORER. POUR MOI, LA PHOTOGRAPHIE EST LE MEILLEUR OUTIL POUR APPRÉHENDER CETTE QUESTION, PRÉCISÉMENT EN RAISON DE SON LIEN AVEC CETTE RÉALITÉ. — BARBARA PROBST

L’image, cette hallucination collective chère à Roland Barthes, devient un puzzle mental à recomposer. Le format imposant des exposures, leur déploiement au mur, leur construction complexe : tout invite le spectateur à scruter, à enquêter, à se déplacer pour construire mentalement le scénario possible de l’instant. Interrogeant les indices, jaugeant les positions, éliminant l’impossible, il en vient à faire l’expérience, dans l’espace et dans le temps, de la vraisemblance de l’image et de la validité de son propre regard.

Est en jeu, ici, la perception de l’image et son autorité quant au fait représenté. Un angle de vue peut-il être plus vrai, plus juste ou plus légitime qu’un autre ? Dans cette profusion de sens possibles, comment s’établit la réalité d’un événement ? Barbara Probst désoriente et perturbe notre aptitude à connaître en voyant. Le monde, perçu comme un faisceau synchrone de points de vue divergents, devient un espace instable à recomposer. Et la vérité, ce terreau meuble, une équation à résoudre.

— Diane Dufour, Frédéric Paul

Biographies

Barbara Probst est née en 1964 à Munich, en Allemagne, et a étudié à l’Akademie der Bildenden Künste de Munich et à la Kunstakademie de Düsseldorf. 

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Né en 1959, critique d’art, docteur en histoire de l’art, ex-directeur du Frac Limousin et du Domaine de Kerguéhennec, il est conservateur pour l’art contemporain au MNAM-CCI/Centre Georges Pompidou.

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La presse en parle

"L’exposition remet en cause une idée fondamentale de la photographie pendant une grande partie du XXe siècle. C’est l’idée de l’instant décisif qui, tout d’un coup, n’existe plus. Par ailleurs, j’ai beaucoup aimé comment elle nous transforme en enquêteur. En tant que spectateur nous ne sommes absolument pas passif. " Yasmine Youssi

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"Exposé pour la première fois à Paris au Bal, centre artistique dédié à l'image, Barbara Probst propose plusieurs séries d'images qui sont des variations autour du dispositif qu'elle a mis au point en 2000. Les différents points de vue qu'elle nous propose sur une même action ou situation interrogent la pertinence d'un point de vue sur une réalité et par la même, la notion de vérité. "

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"Pénétrez dans la salle d’exposition du BAL, vous ne trouverez pas une photographie isolée. Les images de Barbara Probst s’appréhendent au pluriel. Depuis 2000, la photographe allemande, qui s’est d’abord formée à la sculpture, développe un projet au long cours singulier, Exposures, une suite de séries photographiques qui interrogent notre manière de regarder une image autant que notre subjectivité."

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"Pour Barbara Probst, l’objet photographié n’est pas le plus important, ce qui importe c’est ce qui se passe derrière et avec l’objectif. Il s’agit avant tout que ses photographies soient représentatives de ce que nous sommes, et qu’elles soient les témoins de la manière dont chacun d’entre nous regarde le monde. Une grande partie du travail de la photographe consiste à inclure le spectateur dans ses œuvres, et le grand format de ses photos permet au regardant de devenir un véritable acteur de l’image."

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« Conceptuelle, cubiste et ludique, l’approche de Barbara Probst fait vaciller la photographie de son piédestal. Comme un écho intelligent à la surveillance généralisée des caméras sur la voie publique, à la VAR dans le football, au développement de la photogrammétrie dans la 3D, à la multitude de smartphones-caméras, l’Allemande insuffle le doute aux images en livrant leur thèse et leur antithèse dans une brillante démonstration qui implique le spectateur. »

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« A cet instant précis, six caméras ont été déclenchées simultanément. Soit autant de perspectives possibles d’un même événement, ou plutôt, d’un non-événement; d’un instant banal arraché au cours du temps et subitement figé, éclaté, diffracté. Par la vision appareillée, Barbara Probst nous rapproche de cet éternel fantasme inaccessible à l’humain doté d’yeux non augmentés : le regard omniscient. Nous voyons au travers de six paires d’yeux, de six corps, et surtout, d’autant de points de vue possibles, dont aucun n’est plus ou moins vrai qu’un autre. »

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« Le [travail de Barbara Probst] est troublant, il ne s’agit pas de détecter le pouvoir de l’image face à la réalité, mais plutôt de percevoir comment la réalité s’imprime sur la photographie. Un travail passionnant et rare ! »

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Infos pratiques

Des visites de l'exposition sont proposées gratuitement sur présentation du billet d'entrée. Pour en savoir plus cliquez ici. 

Commissaires : Frédéric Paul, Centre Pompidou, et Diane Dufour, LE BAL, Paris.
Exposition conçue et réalisée par LE BAL, Paris, avec le soutien de Kuckei + Kuckei Gallery, Berlin, du Goethe-Institut de Paris et de la Fondation Alexander Tutsek
À l’occasion de l’exposition, un livre accompagné d’un texte inédit de Frédéric Paul sera copublié par Hartmann Books et LE BAL.

Partenaires médias : Art Press, France Culturei-D Magazine, L’OEil de la Photographie, Polka Magazine, Slash/, Télérama

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