Petit abécédaire illustré de la chute

Les Keystone Cops dégringolent en cascade dans les films de Mack Sennett. Jeu de quilles en uniforme. La chute est inséparable du burlesque au cinéma. Chaplin tombe peu, Keaton énormément (au moins une vingtaine de fois dans le Cameraman, 1928). On peut classer ces chutes, en distinguer la nature, mais l’on sait qu’elles sont là pour faire rire. Il n’en va pas de même pour les chutes d’artistes, d’Yves Klein à Sam Taylor-Wood, en passant par Chris Burden, Paul McCarthy ou Bas Jan Ader.

Interrogent-elles la gravitation universelle ? Proposent-elles une métaphore de tout effondrement ? De toute déchéance ? Montrent-elles la vulnérabilité du corps ? Appartiennent-elles à un registre purement esthétique ? Les réponses se chevauchent et restent en suspens. Les images roulent. Vertige du sujet !

Arnaud Labelle-Rojoux est artiste. Son dernier livre Twist tropiques (éditions Yellow Now/Loevenbruck) regroupe un ensemble de textes critiques. Arnaud Labelle-Rojoux enseigne à la Villa Arson à Nice. Il est invité dans la programmation du BAL LAB, sur proposition de Cécile Mainardi, écrivaine en résidence au BAL.